À 86 ans, le Milanais, mort ce 12 juin, était encore à la tête d'une fortune estimée à 6 milliards d'euros. Il était notamment l'actionnaire majoritaire de la holding familiale Fininvest qui comptabilise toujours près de 3 milliards d'euros d'actifs, répartis dans trois sociétés cotées en Bourse à Milan.
Sous le pavillon Fininvest, on retrouve ainsi Mediaset, fleuron de la télé et de la radio fraîchement rebaptisé MFE - MediaForEurope (MFE), Gruppo Mondadori, acteur majeur dans le domaine de l'édition de la Péninsule, et enfin des parts, à hauteur de 30 %, dans la banque Banca Mediolanum, spécialisée dans la gestion d'épargne. À ce joli pactole s'ajoutent également nombre d'intérêts dans l'immobilier, dont un cheptel de villas luxueuses qui ont fait la renommée du « Cav' », le théâtre Manzoni de Milan et une poignée de jets et d'hélicoptères privés. Sans oublier les clés de l'AC Monza, équipe du milieu de tableau de la Serie A italienne.
Malgré une santé fragile, le Cavaliere possédait en effet encore 61 % des parts de Fininvest, le reste étant réparti entre ses enfants. Près de 8 % pour chacun des enfants de son premier mariage : Marina, la « préférée », présidente du groupe et patronne de Mondadori, et Pier Silvio, le « Monsieur MFE » de la famille. Et enfin 21 % pour les trois rejetons du couple Silvio Berlusconi-Veronica Lario : Barbara qui, après avoir œuvré durant plusieurs années au sein de la direction du club du Milan AC jusqu'à sa vente en 2017, siège désormais au conseil d'administration de la Fininvest aux côtés de son frère Luigi. Et Eleonora, la seule des héritières à ne pas avoir de rôle actif au sein de l'empire berlusconien.
Calculs complexes
Comment répartir le butin de l'ancien Premier ministre ? À parts égales entre chaque enfant, faisant au passage de la branche Lario les futurs actionnaires majoritaires de la holding ? Quid de Marta Fascina, dernière compagne du Cav – de 54 ans sa cadette – après leur union symbolique en mars 2022 ? Jusqu'à un tiers des actifs du magnat pourrait en effet revenir à la députée calabraise, rebattant ainsi les cartes dans les jeux de pouvoir au sein de l'entreprise milanaise.
En avril dernier, alors que Silvio Berlusconi était admis en soins intensifs, les marchés, eux, n'observaient pas de trêve. Le cours de l'action MFE avait bondi, signe pour les experts financiers que l'état de santé précaire du Cavaliere ouvrait de nouveaux scénarios concernant le futur du groupe médiatique. La bataille financière de l'ère post-Cavaliere ne fait que commencer.
Même si Silvio Berlusconi semblait éternel, toute planification successorale réussie commence suffisamment tôt afin d’anticiper toute difficulté ultérieure et d’intégrer progressivement la génération suivante dans la gestion du patrimoine familial. À défaut, il est à craindre, comme dans malheureusement bon nombre de cas, qu’une bataille entre héritiers survienne. À suivre.
Source : Le Point